L’extrême solitude du voyageur.
Le lieu ne me ressemble plus ni le moment. Je meurs à la rencontre de l’autre qui refuse de m’accepter .Mais que faire ? S’agit il de ma faiblesse la plus blessante ou de ma force la plus prononcée ? Comment savoir ? A qui demander ? Des questions, que des questions…jamais de réponses. Ni Paris, ni Tripoli, ni Beyrouth, ni la mer ni la montagne…personne ne réponds …La lune chuchote, je tends l’oreille, mais je n’entends que des murmures…Que veux-tu me dire maudite lune ? Ici le vent souffle, mais aucun vent n’est favorable au marin sans destination…Pire. Le vent souffle dans tous les sens, partout et nulle part. Parce que la partout même est l’essence du nulle part…Plus je me retrouve ,plus je me perds dans moi-même….Plus je retrouve l’autre plus je me perds dans lui et le perds……Je me sens las ,épuisé de ce voyage qui commença avant le commencement,de cette lutte incessante…Quand l’adversaire change,le combattant a le confort de se retrouver,mais quand il n’en voit qu’un ,qu’un effort,qu’une arme ,comment pourrait il se distinguer de sa lutte et de son adversaire ?
Se perdre dans l’unité de toute l’existence et dans l’unicité de tout ce qui existe…Se perdre dans le paradoxe de l’essentiel et l’essence du paradoxal..Comprendre que tout est un, et que le tout n’est que l’Un….Des images que des images, injustice du visuel, tyrannie de l’observation…Toujours aspirer à voir plus, à comprendre plus, à redéfinir à chaque instant le réel et le possible….L’effort de divinisation réside dans le noyau même de notre humanité la moins pur..Tel l’arbre qui pousse ses racines pour que ses branches poussent…..Tout est un…Tout est un….
L’islam n’est pas ma religion, l’amour non plus…O Ibn Arabi, non je ne suivrai pas, je serai…Je n’ai pas de religion, je n’ai pas de « Din », je ne dois rien.Je suis le voyageur éternel, le solitaire, le contemplateur insatiable.Je suis la contemplation et le contemplé.Ni meilleur, ni pire, je suis. Je suis dans le silence de l’animal,dans les murmures des astres,dans les pleurs des villes ,je suis dans tout …Dieu est tout.. Je suis le regard, le regardé et le regardant .Dieu est au-delà du regard…..
Aimer c’est ressembler, je ne veux pas ressembler, je veux être…Ni les hypocrites, ni les imbéciles, ni les sages, ni les prophètes, ni les poètes, aucun de ceux-ci me ressemblent.Seuls les fous errants me voient, leur solitude me traverse, se projette dans ma foi.Je n’ai pas de religion ,j’ai la foi….Il n’y a qu’une seule foi,beaucoup trop de religions…Mais une seule foi…Celle du voyage ,et du voyageur…Celle de sa solitude …Le voyageur ne se sent jamais seul,parce qu’il est partout .Aussi il se sent solitaire parce qu’il est partout….
Ce que je recherche n’est ni joie ni plaisir.Ma quete est celle de l’intensité, parce que l’intensité est la seule mesure de la vie.L’intensité c’est le degré d’unité …Plus l’expérience du « partiel » est intense, plus le contact avec le « total » est proche…Comme l’érotisme du voile féminin, le relatif n’est que définition de l’absolu. Erreur est de hiérarchiser le relatif et l’absolu,de vivre dans la culpabilité d’être dans l’un et pas dans l’autre …
L’extrême solitude du voyageur, est celle du point unique de tangence entre deux cercles ….Infiniment petit, mais pas infiniment grand, indéfinissable en soi mais différenciable de tout autre point…Le voyageur est solitaire et pleure dans sa solitude.Ni des larmes de joie,ni des larmes de tristesse…Il pleure parce qu’il sort de lui-même,il pleure parce que il connaît et se connaît ,il pleure parce qu’on ne le connaît pas !L’extrême solitude du voyageur est la solitude de la voie avec laquelle il se confonds,la solitude du vu auquel il se compare sans voir.
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